Voici un chef d’œuvre drum & bass néo-noir ambient de la fin des années 90, pour désigner le plus que classique If you’re into it, i’m out of it du producteur Christoph de Babalon. Personnalité méconnue et sous-estimée mais pour le moins activiste de la scène rave et hardcore depuis l’ère primaire.
Alors effectivement sous des traits marqués par l’usure et les dommages du temps qui passe et nous échappe, cette vieillerie breakcore / dark ambient n’aura jamais été autant en vogue deux décennies après sa sortie initiale, je tiens d’ail- leurs à préciser que la version présentée ici ce soir a été remasterisé par les soins de Rashad Becker sur Cross Fade Entertainment.
Ce projet qui à la base s’inscrivait en marge d’un mouvement et prenait volontairement à contrepied la contre-culture rave d’alors à peu à peu été oublié, délaissé laissant place à cette frénétique fièvre du Big Beat qui faisait rage ces années là.
Pourtant vingt ans plus tard le travail de l’artiste est plus que jamais vigoureux et se révèle être d’une justesse d’avant-garde qui ne subit pas l’emprise du temps. L’illustre Thom Yorke nous confie même qu’il est le disque le plus menaçant de sa collection.
En même temps cela ne fait pas de doutes, l’alliance synergique de drones épiques mélés aux amens cinglants, peuvent en un sens nous terri er au- tant qu’il produisent cette sensation étrangement confortable, ambiance funéraire et autres hantises du genre.
Cet album sonne comme une appropriation du genre UK-rave avec une affiliation Berlin-school duquel se dégage un aspect, il faut l’avouer, davantage expé que ce que faisaient à l’époque nos congénères d’outre manche.
Cela s’explique par la longueur de certains tracks (Opium est un cut de plus de 15 minutes) avec l’utilisation de synthés atmosphériques qui reflètent à merveille le délire utopique de l’époque.
Bienvenue dans le darkness, le temps est venu pour les portes du chaos de s’ouvrir; desquelles la descente vers les abysses sera vertigineuse…